Tuesday, September 18, 2018


Vol MH-17 : une enquête en trompe-l’œil

Ce texte ne résulte pas d’une enquête ou d’une investigation journalistique. Il représente une synthèse motivée par le désir de comprendre le monde. Et cette compréhension passe par l’intelligence des événements dans leur complexité. Les visions manichéennes en sont évidemment exclues. Il a été réalisé suite à la collecte des informations produites, en français et en anglais, par les médias des deux camps (occidentaux et russes). Il affirme la nécessité absolue dans une situation conflictuelle de consulter les discours antagonistes. Car l’essentiel de toute propagande médiatique ne consiste pas à fabriquer des fausses nouvelles (fake news) mais de taire les données qui ne cadrent pas avec le récit que le Pouvoir cherche à imposer. Il témoigne incidemment et implicitement du fait que les lois nouvelles pour soi-disant lutter contre les fausses informations (que la loi de 1881 réprime déjà) sont élaborées pour éventuellement interdire l’accès aux médias adverses dont les informations sapent la crédibilité des nôtres.

                              
Le 4 octobre 2001, le vol 1812 de la Siberian Airlines reliant Tel Aviv à Novossibirsk disparaissait au-dessus de la Mer Noire avec 78 personnes à bord. Les responsables militaires ukrainiens nièrent immédiatement qu’un de leurs missiles participant à des manœuvres au large de la Crimée ait pu abattre le Tupolev 154. L’Etat ukrainien finit cependant par admettre être impliqué dans le drame en indemnisant la plupart des familles des victimes. Au mépris des conclusions du rapport de l’Organisation Internationale de l’Aviation Civile (ICAO) qui avait, à la demande de la Russie, dûment enquêté, les diverses instances judiciaires ukrainiennes avaient nié en 2007 et 2012 la responsabilité de leur Etat pour refuser d’indemniser la compagnie aérienne ainsi que quelques familles de victimes ayant rejeté la proposition du gouvernement ukrainien. Ainsi se passent les choses quand une forme d’infaillibilité de l’Etat est défendue même de manière absurde par ses serviteurs zélés.

Dans les cas d’avions civils abattus par des militaires, même en dehors d’une dimension internationale, les Etats systématiquement nient leur responsabilité. Ainsi des USA après qu’ils aient en 1988 détruit un Airbus iranien au-dessus du Golfe Arabo-Persique ou d’Israël qui avait en 1973 abattu un vol libyen.

Le 17 juillet 2014, le Boeing 777 des Malaysian Airlines reliant Amsterdam à Kuala Lumpur était abattu en Ukraine, au-dessus de la zone de combats du Donbass. Les débris se retrouvèrent éparpillés du côté des républiques russophones autoproclamées de Donetsk (DNR) et Lugansk (RPL) dites séparatistes. Il y eut près de 400 victimes, essentiellement néerlandaises, avec 43 malaisiennes et 4 belges.
                                                                 
Le jour même, le ministre de l’intérieur ukrainien déclarait : « il y a quelques minutes (…) des terroristes [les ‘séparatistes’ du Donbass] en utilisant un lance-missiles mobile de type Buk offert aimablement par Poutine ont abattu un avion civil… ». Les responsables occidentaux adoptèrent cette accusation précipitée.

Quatre jours plus tard, sur initiative de la Russie, le Conseil de Sécurité de l’ONU votait la résolution 2166 exigeant de « mettre en place une enquête internationale exhaustive et indépendante »

Une enquête indépendante ?


Deux jours après, l’Ukraine, en tant que pays du lieu du drame, suivant un accord bilatéral, délègue au Bureau de Sécurité néerlandais (OVV) la mission de conduire l’enquête sur les causes du désastre avec le but déclaré de prévention, mais pas de recherche de responsabilité. C’est une première anomalie puisque l’organisme compétent international et indépendant des Etats qui réalise ce type d’enquête est l’ICAO, une tache qu’elle clôture généralement en six à neuf mois. La mise à l’écart de cette organisation ad-hoc au mépris de la recommandation stipulée dans la résolution 2166 apparaît donc comme une aberration.

A son tour, l’OVV délègue le travail à l’Unité de Coopération judiciaire de l’Union Européenne (EUROJUST) -dont l’Ukraine ne fait évidemment pas partie. Le 28 juillet, l’EUROJUST constitue un groupe international d’enquête (Joint International Team, JIT) formé des représentants de quatre pays : l’Ukraine, les Pays-Bas, la Belgique et l’Australie. La présence de l’Ukraine constitue évidemment une autre anomalie puisqu’il est l’un des suspects. L’exclusion de la Malaisie en est une troisième. Elle allait être maintenue jusqu’en décembre malgré les récurrentes demandes de participation du gouvernement malaisien. Une quatrième tient dans le fait que les autres participants appartiennent à cette nébuleuse occidentale ayant exhibé une russophobie virulente et dont les responsables politiques et les médias ont immédiatement attribué la responsabilité du drame aux séparatistes du Donbass, voire aux Russes. Une cinquième anomalie est la présence de la Belgique ; elle s’éclaire sans doute avec le fait que l’EUROJUST était présidée par Michèle Cominsx, citoyenne belge.


Devant les critiques émises quant à la composition de ce groupe qui ne répondait aucunement à l’exigence d’indépendance de la résolution onusienne, l’EUROJUST déclarait le 4 décembre que la Malaisie allait rejoindre le JIT par la suite, en oubliant de préciser que cela ne pourrait devenir effectif qu’après signature d’un accord spécifique découlant de celui passé entre les quatre Etats membres le 8 août, lequel prévoit un droit de veto sur la divulgation des informations et des résultats de l’enquête.

Une enquête transparente ?


L’existence de cette clause secrète avait été révélée le 15 octobre par une déclaration du département des Affaires Etrangères et du Commerce du gouvernement australien : toute information sur l’enquête ne pourra être rendue publique que par consensus des membres du JIT. D’évidence, une telle clause intervenait au bénéfice premier de l’Ukraine qui pouvait ainsi bloquer toute information pouvant lui être préjudiciable.

Quatre ans après, rien des données très rapidement disponibles et analysables n’a été divulgué, ni le contenu des ‘boîtes noires’, ni les enregistrements des échanges entre l’équipage du Boeing et le contrôle aérien ukrainien. Idem pour les plans de vol des avions militaires et les échanges radios avec les pilotes. On reste ainsi dans l’ignorance quant aux raisons pour lesquelles le vol MH-17 s’est détourné de son itinéraire habituel pour aller survoler la zone d’affrontements au nord de Donetsk. De même, les raisons pour lesquelles l’Ukraine n’a pas interdit de survol ce territoire en guerre où des aéronefs ukrainiens ont été abattus, étant juridiquement responsable de son espace aérien, ne sont pas connues. Cette responsabilité a été invoquée par des familles de victimes dans une plainte judiciaire portée contre les responsables ukrainiens.

Récupérées par les ‘séparatistes’ du Donbass, les deux ‘boîtes noires’ furent remises à la Malaisie avec la garantie qu’elles seraient laissées aux mains de l’ICAO pour une expertise indépendante. Mais, elles se trouvèrent éventuellement en possession des Britanniques d’après une information délivrée par la BBC le 23 juillet 2014. Selon le même média, les Néerlandais déclaraient un peu plus tard que l’enregistreur de voix du cockpit était intact et n’avait pas été ouvert. Le contenu n’en a pas été divulgué, hormis  le fait que l’enregistrement s’interrompt brusquement.

Pour ce qui est des enregistrements des échanges entre les contrôleurs aériens et le Boeing et les données radar civiles, le Service de Sécurité d’Ukraine (SBU) avait, sans attendre l’intervention des enquêteurs internationaux et sans concertation, immédiatement constitué le dossier qui allait être remis aux Néerlandais.

Enfin, les USA qui avaient prétendu fournir aux enquêteurs les photos satellites et les interceptions de communications téléphoniques en rapport avec le drame ainsi que des données fournies par les services de renseignement soit se sont abstenu de le faire soit l’ont fait secrètement pour des raisons inconnues.

Cédant à la pression publique, après une année de travail, , le ministère néerlandais de la justice et de la sécurité publiait (en avril 2015) 569 documents tout en maintenant secrets 167 autres. Parmi les documents rendus publics, certains se trouvent avoir été tronqués. Mi-novembre, le même rejetait les requêtes présentées par deux parlementaires demandant la publication des résultats de l’enquête, motivant son refus par l’exigence de « préserver la stabilité des relations internationales ».

Plus récemment, en mai 2018, la JIT déclarait que les conclusions émises ne seraient pas accompagnées des données ayant permis leur établissement, toutes les preuves seraient tenues secrètes. Tout cela constitue évidemment des indices du contrôle de l’enquête par le gouvernement néerlandais.
                               

Une enquête exhaustive ?


Dans leur hystérie russophobe, les médias occidentaux ont donc immédiatement désigné une batterie de missiles Buk (ou Bouk) comme l’arme du crime, système anti-aérien fabriqué en URSS puis en Russie sous différentes formes par le consortium Almaz-Anteï. Les enquêteurs du JIT ont pourtant maintenu à l’écart de leur travail les experts russes, y compris ceux du fabriquant. Ils prétendent se passer des données techniques relatives à ces systèmes, qu’ils soient obsolètes comme ceux possédés par l’Ukraine (9M37M1 et 9M38M1) ou ceux, modernisés,  en dotation dans l’armée russe (9N314M).

Cet état de fait conduit le consortium russe à mettre en œuvre fin juillet 2015 une expérimentation avec la carcasse antérieure d’un vieil iliouchine 86 et utilisant les deux types de missiles ‘Buk’.
Le compte-rendu de cette expérimentation le 7 octobre par Ian Novikov, directeur de Almaz-Anteï, affirme que la comparaison des traces obtenues (forme et dimensions des perforations) avec celles relevées sur les débris du Boeing ont permis d’exclure l’usage d’une tête moderne (9M317) et compatibles celui d’une tête obsolète (9M38). Le système obsolète -dont est doté l’armée ukrainienne- n’était plus fabriqué depuis 1986 et a été interdit d’utilisation par l’armée russe dès 2012.
                              
Alors que, selon les Néerlandais, le tir de missile a dû être effectué à partir d’une zone de 320 km² au sud-est du point d’attaque, à cheval sur la ligne de front des belligérants (mais avec une indication de lieu –snejnoe en DNR- donnée dans un commentaire qui désigne les séparatistes), l’étude de la distribution spatiale des impacts et les caractéristiques de vol du missile Buk imposent selon Almaz-Anteï une origine située au sud-ouest, les alentours de Zarochtchenskoïe, sous contrôle de Kiev.

Ces données fournies n’ont pas suscité de réfutation de la part des enquêteurs occidentaux. Elles ont été simplement ignorées avec refus de commentaire. Et c’est en vain que la Russie a déclassifié le dossier technique du système Buk, l’OVV ayant persisté à utiliser des données incompatibles avec lui.

Trois jours après le drame, lors d’une conférence de presse, les services de renseignement militaire russes affirmaient qu’au moins un autre avion volait à proximité du Boeing, ce que confirment nombre de témoins des lieux qui furent interrogés par la suite, notamment dans un reportage de la BBC (lequel est depuis effacé du site). Des habitants témoins du drame ont par ailleurs indiqué qu’ils n’avaient entendu aucun départ de missile ni aperçu de trace atmosphérique persistante de l’épaisse colonne blanche produite par un tel lancer.

Dans le journal néerlandais AD, Vladimir Shulmeister, vice-ministre des transports en Ukraine en 2014, déclarait que son gouvernement n’avait jamais reçu de demande de fournir les enregistrements radar du drame. Le lendemain, Olexander Horin, ambassadeur ukrainien aux Pays-Bas, le contredisait en affirmant que l’OVV avait bien fait cette demande d’enregistrements primaires mais que cela n’avait pas pu se faire en raison de leur indisponibilité dû à un problème technique. Le jour suivant, le gouvernement néerlandais déclarait qu’il ne déposera pas de réclamation internationale pour obtenir ces enregistrements, justifiant sa décision par l’affirmation selon laquelle les informations qu’il possédait étaient suffisantes pour l’enquête criminelle.

Enfin, les Russes avaient pris l’initiative d’envoyer aux Néerlandais les enregistrements primaires des radars couvrant cet espace frontalier. Les enquêteurs se déclarèrent incapables de déchiffrer ces données. Mais au lieu de faire appel aux experts russes pour y accéder, ils exigèrent des enregistrements au format dit international, lequel correspond au résultat d’un filtrage qui élimine tous les ‘bruits’ et phénomènes de basse définition, dont les signaux faibles. Ces enregistrements ainsi nettoyés ne montraient pas plus de présence de missile que les enregistrements primaires (selon les Russes), mais cela permis aux Néerlandais d’avancer que cette non détection exprimait simplement l’incapacité des radars de détecter ce type d’objet volant, trop petit et trop rapide. Conclusion que les experts russes ont réfuté.

Un Su-25 ukrainien ?


Les enquêteurs russes ont de leur côté recueilli le témoignage d’un Ukrainien qui s’était réfugié en Russie après le drame. Evgueni Agopov  était mécanicien dans une base aérienne proche de Dnipropetrovsk. Ayant assisté au départ en mission de combat de Su-25 inhabituellement équipés de missiles air-air de type R-60, il rapporte qu’au retour le chasseur piloté par le capitaine Vladislav Volochine était dépourvu de missile. Intrigué par la pâleur du visage du pilote, lui ayant demandé ce qui s’était passé, il entendit cette réponse sibylline : « l’avion s’est retrouvé au mauvais endroit au mauvais moment ».  Curieusement, ce même jour, avec une heure de décalage, l’avion qui ramenait Vladimir Poutine du Vénézuéla traversait cet espace.  Vladislav Volochine, qui avait, deux jours après la destruction du vol MH-17, reçu la médaille de l’Ordre du Courage de l’Armée de l’Air,  e avait été promu commandant de base, s’est suicidé d’une balle dans le cœur le 18 mars 2018 après une brève conversation téléphonique qui, selon son épouse, l’avait plongé dans une prostration et un brusque désir d’isolement.

Mi juillet 2015, un groupe d’experts russes en aéronautique publiait un rapport exposant les résultats d’une analyse des débris recueillis et photographiés par les ‘séparatistes’ de la RPL. Il avance que le missile qui a abattu le Boeing est certainement un Python, d’aspect semblable au R-60 russe.  Selon cette étude, ce sont 3000 projectiles (±1000) d’une masse moyenne de 3g environ, de forme parallélépipédique (8x8x6mm) qui ont impacté l’avant du Boeing à bout portant (à une distance minimale de 80 cm, maximale du double, de la fenêtre mobile du commandant de bord). Ces projectiles furent propulsés par une charge explosive estimée entre 10 et 40 kg. Ce type d’approche de la cible dénote un missile doté d’un autodirecteur passif, guidé par les signaux du radar situé dans le nez du Boeing. Le missile qui répond à ces caractéristiques serait le Python israélien dont on sait qu’il équipe par exemple les Su-25 géorgiens modernisés au début des années 2000.

Pas de Su-25 mais Buk possible ?


Après avoir refusé d’analyser les enregistrements primaires des radars russes, les enquêteurs du JIT ont alors déclaré le 3 avril 2018 que, suivant l’analyse des données filtrées, aucun missile ni avion n’était visible près du MH-17 (oubliant au passage de prendre en considération la portée des dits radars). Et que cela excluait donc l’hypothèse d’un chasseur ukrainien comme auteur de l’attaque tout en laissant réelle celle d’un missile, sous prétexte que le réglage des radars civils excluent les objets nettement plus rapides que les aéronefs commerciaux afin de désencombrer les écrans des contrôleurs aériens (fonction de filtrage). Mais les ordres de grandeur des vitesses que peuvent atteindre ces différents aéronefs sont similaires  (2,5 fois celle d’un avion commercial pour le chasseur et 3 fois pour le missile).

Une autre réfutation a été exposée par Almaz-Anteï selon lequel la vitesse d’approche de la cible du missile est d’environ 600 m/s, ce qui le rendait détectable par le radar Utyos-T (capacité jusqu’à 1000 m/s).  Les Russes ont par ailleurs affirmé que cette station radar avait détecté le vol d’un drone ukrainien le jour même du drame dans cette zone proche de la frontière russe, ce qui est aussi une simple confirmation qu’il s’agit d’un radar primaire (qui ne fonctionne pas sur la base des communications avec les transpondeurs des avions).

Les bases curieuses du travail du JIT


Les enquêteurs occidentaux se sont en fait limités à ne prendre en considération que les données fournies par l’Ukraine (selon un article du journal néerlandais ‘Telegraaf’ du 15 décembre 2015, la plupart des ‘preuves’ collectées auraient été fournies par les services secrets ukrainiens) et un travail de compilation de photos et de vidéos trouvées sur Internet par un site (Bellingcat.com) fondé en 2012 par un journaliste britannique, Eliot Higgins, dont les ‘investigations’ à charge visent les activités russes en Syrie et Ukraine.

Concernant le vol MH-17, Bellingcat affirme que la détection du vol du missile a été réalisée par le système américain SBIRS. Mais celui-ci a besoin d’un minimum de 20 secondes de vol alors que qu’un missile Buk aurait pris seulement 17 secondes pour atteindre le Boeing. De plus, les experts russes avancent que, en raison des caractéristiques de mise en œuvre et de vol des Buk, il serait impossible de réussir une telle interception avec un seul missile sans la connaissance  des paramètres de son vol (direction et heure exacte de passage).

Un expert allemand, Jens Kriese, après avoir analysé ce travail, affirme que l’utilisation que fait Bellingcat des matériaux collectés ne démontre rien du tout. Bellingcat prétend que ces matériaux, parce que spontanément publiés  sur la toile, sont fiables et qu’ils lui permettent de tracer les déplacements d’une batterie ‘Buk’ de la Russie à un emplacement proche de l’endroit du drame.  Plusieurs de ces documents ont été étudiés par un groupe d’experts en analyses d’images russes. Ceux-ci affirment qu’ils ont été faussement datés ou localisés, ou le résultat d’un montage ou encore interprétés de manière erronée.

C’est pourtant ce travail que le JIT a repris à son compte et qui constitue l’essentiel du dit rapport final publié le 13 octobre 2015. Le port-parole de cette équipe a par ailleurs déclaré que les données sur lesquelles étaient fondées leurs conclusions ne seront pas divulguées car cela pourrait « saper la confiance réciproque des gouvernements impliqués.  Ces conclusions hautement motivées par une approche très politisée ont été rejetés par le premier ministre malaisien de même que par l’Agence Fédérale russe de l’aviation (Rosaviatsia) et le consortium Almaz-Anteï. Le 30 mai 2018, le ministre des transports de Malaisie avait déclaré : « il n’y a aucune preuve concluante désignant la Russie ».

Le 24 mai 2018, quatre années après le drame, dans une conférence de presse, le procureur en chef du JIT, Fred Westerbeke, appelait les éventuels témoins à se manifester en précisant qu’il y avait « encore beaucoup de travail à faire ».

Epilogue


Le 17 septembre 2018, le général Nicolay Parshin rendait public un document déclassifié traçant l’origine et l’affectation du missile qui aurait abattu le vol MH17. Deux numéros de série gravés sur des fragments du missile (moteur et le nez) ont permis aux Russes de lier ces débris au missile n°8868720, sorti de l’usine de Dolgoprudny (région de Moscou) le 29 décembre 1986 et délivré à l’unité militaire 20152 en Ukraine (nommée depuis régiment de défense anti-aérienne 223, lequel prit par à la guerre contre la RPD l’été 2014). Ces données avaient été fournies au JIT, mais les enquêteurs néerlandais n’en n'ont pas tenu compte.

                    Le 24 juillet 2018, mis à jour le 17 septembre

Monday, July 9, 2018

AFFAIRE SKRIPAL : Autopsie d’un (foireux) casus belli

                               Ce texte ne résulte pas d’une enquête ou d’une investigation journalistique. Il représente une synthèse motivée par le désir de comprendre le monde. Et cette compréhension passe par l’intelligence des événements dans leur complexité. Les visions manichéennes en sont évidemment exclues. Il a été réalisé suite à la collecte des informations produites, en français et en anglais, par les médias des deux camps (occidentaux et russes). Il affirme la nécessité absolue dans une situation conflictuelle de consulter les discours antagonistes. Car l’essentiel de toute propagande ne consiste pas à fabriquer des fausses nouvelles (fake news) mais de taire les données qui ne cadrent pas avec le récit que le Pouvoir cherche à imposer. Il témoigne incidemment et implicitement du fait que les lois nouvelles pour soi-disant lutter contre les fausses informations (que la loi de 1881 réprime déjà) sont élaborées pour éventuellement interdire l’accès aux médias adverses dont les informations sapent la crédibilité des nôtres.


Ambiance

En février de cette année 2018, le ministre britannique de la Défense annonçait un changement radical de la stratégie officielle, reléguant les organisations terroristes (Al Qaïda, EI-Daesh) au second plan pour désormais cibler la Russie, la Chine et la Corée du Nord. Le London Time du 22 relayait sobrement la parole du Pouvoir : « La Russie est une plus grande menace pour notre sécurité que les terroristes». Même mouvement du côté de l’administration US qui désigne désormais la Russie et la Chine comme Etats ‘révisionnistes’ parce qu’ils n’acceptent pas son hégémonie, ce qui conduit le journal The Economist à prôner des frappes préventives et les militaires américains à envisager l’utilisation en Europe (par l’OTAN) des armes nucléaires tactiques contre la Russie. A ces menaces, la Russie a précisé qu’une telle hypothèse verrait une réponse globale, c’est-à-dire une réplique des forces stratégiques nucléaires. Pour crédibiliser cette déclaration, Vladimir Poutine, lors de son allocution sur l’état de la Fédération, en mars, dévoilait l’existence de systèmes d’armes nouvelles contre lesquelles le Pentagone devait avouer ne pas avoir de réponse. Si la Russie avait toute latitude pour doter ses forces de ces armes sans équivalent, les Occidentaux seraient pour longtemps dans l’incapacité de maintenir leur domination mondiale. Une guerre serait donc préférable au plus tôt. Mais initiée selon le mode anglo-saxon qui a fait ses preuves dans le passé : en poussant, à force de provocations et de 'coups tordus', l'adversaire à une réplique pouvant être dénoncée comme une agression, lequel pouvant alors être accablé de l'entière responsabilité du conflit.

La rhétorique guerrière s’exprime avec plus encore de netteté depuis l’élection de Trump. En commentaire des accusations (gratuites) portées contre la Russie d’avoir interféré avec l’élection américaine, le réputé journaliste Glenn Greenwald écrivait le 19 février : « la Russie a commis un acte de guerre de même niveau que Pearl Harbour et le 11 septembre », propos partagés par des élus aussi prééminents que le républicain McCain et la démocrate Hillary Clinton en plus, évidemment, des médias dominants (Tim Friedman dans le New York Times) qui se sont jetés dans le même jeu belliciste qu’en 1914 ou 1939. Cette rhétorique atteint un paroxysme avec l’affaire Skripal. 


Contexte belliqueux en Syrie


Le 18 février, l’armée arabe syrienne et ses alliés se lançaient à la reconquête de la Ghouta orientale, vaste banlieue semi-rurale de Damas. De cet espace, les divers groupes islamistes soutenus par l’Arabie, les Etats du Golfe, la Turquie et les Occidentaux (y compris Israël) sous l’appellation orwellienne de ‘rebelles modérés’ (l'ETA et le FLNC pourraient donc bénéficier de cette terminologie magnanime), dans l’attente de l’occasion de prendre la capitale syrienne, bombardaient celle-ci assidûment d’obus de mortiers et de missiles, particulièrement les quartiers chrétiens et alaouites. A la fin du mois, ces groupes avaient perdu la moitié de leur emprise territoriale.

Cette offensive se faisait aussi sous la menace de représailles de la part des Occidentaux (USA, UK et France) en cas de « franchissement de la ligne rouge » (l’utilisation de gaz létal attribuée -sans la moindre preuve- à l’armée syrienne). Une accusation qui avait déjà été utilisée par les USA un an auparavant pour attaquer une base aérienne syrienne, une pure opération de ‘com’ qui avait ravi les médias US (les services de renseignement américains ayant averti le président Trump de la fausseté de cette attribution, ce dernier avait prévenu les Russes de la frappe programmée). Cette menace visait à bloquer l’offensive syrienne qui menaçait les Occidentaux de perdre cette formidable épée de Damoclès suspendue au-dessus du président syrien.

Les Occidentaux n’ont pas caché leur objectif : chasser Bachard El Assad du pouvoir, comme l’avaient été auparavant Saddam Hussein et Kaddafi suivant les mêmes procédés de diabolisation avec la complicité active des médias dominants, facteurs des agences de presse. Le Royaume Uni a été et reste un acteur essentiel dans cette entreprise de propagande, possédant une bonne connaissance des spécificités locales comme ancien administrateur des lieux suite au démembrement de l’Empire Ottoman en 1918. Ses conseillers militaires, ses services de renseignement et spéciaux furent envoyés sur le terrain pour encadrer, former, conseiller les insurgés indigènes et infiltrés étrangers, ainsi que d’assurer leur coordination avec leurs mentors occidentaux.

Les outils de propagande mis en œuvre sont essentiellement l'OSDH (Office Syrien des Droits de l’Homme) et les ‘Casques Blancs’. Le premier est une officine délivrant des informations généralement non vérifiables (collectées chez les ‘rebelles’) que les agences de presse, suivies par les médias occidentaux, reproduisent aveuglément. L’OSDH a été créée et est gérée par un individu vivant à Coventry depuis l’an 2000, un opposant au pouvoir syrien, financé par la NED (National Endowment for Democracy). La NED est une ONG théoriquement privée mais essentiellement financée par le Congrès US. Elle œuvre dans le monde pour le renversement des gouvernements insuffisamment favorables aux USA. De même, les ‘Casques Blancs’ sont une organisation crée par un ancien officier britannique du renseignement, James Le Mesurier, basée en Turquie et financée par les Occidentaux.

On peut donc comprendre la fureur des élites anglo-saxonnes à se voir expulsées de cet espace et remplacées par les Russes.


Contexte géopolitique


Les nations d'Europe occidentale sont énergétivores. Leur mode de vie nécessite un besoin vital de pétrole et de gaz. Le gaz, qui prend de plus en plus de place parmi les sources d'énergie mais dont la production indigène s'épuise (Lacq, Gröningen, Mer du Nord), nous vient surtout de Russie par des réseaux de gazoducs traversant la Baltique (Nordstream1) et l'Ukraine; et les besoins croissent. Les projets de construction de lignes supplémentaires (southstream via la Mer Noire, Nordstream2) sont systématiquement sapés sous la pression des USA qui veulent vendre aux Européens leur propre gaz liquéfié (beaucoup plus cher). La Russie a du s'entendre avec la Turquie pour la construction (en cours) d'une alternative (Turkishstream) et l'UE doit surmonter les menaces américaines pour que soit mis en oeuvre le projet Nordstream2. 

D’autres tracés pour acheminer le gaz d’Asie Centrale via la Turquie sont restés à l’état de projets. Pour ce qui est du Moyen Orient, le Qatar et l’Iran sont les principaux producteurs et désirent alimenter l’Europe selon deux projets traversant la Syrie. Le projet du Qatar, soutenu par les Occidentaux, fut écarté par Bachar El Assad au profit du projet iranien. D’où la guerre que ces sponsors ont décidé de faire à la Syrie pour en chasser son dirigeant et y installer un plus apte à faire le bon choix.

Par ailleurs, le projet chinois de ‘route de la soie’, destiné à créer des voies de transport rapides avec l’Europe (et, au passage, l’Asie centrale et méridionale), traverse également la Mésopotamie et les USA font tout ce qu’ils peuvent pour le saboter car il ferait perdre à leur marine de guerre le contrôle de l’essentiel des échanges commerciaux (sous le masque de la protection de la liberté de navigation).

Enfin, Israël manœuvre en permanence pour affaiblir ses voisins et conserver une hégémonie militaire régionale.


Les Skripal



Dans l’après-midi du 4 mars 2018, des passants remarquent à Salisbury, petite ville du sud de l’Angleterre, un homme âgé et une jeune femme, sans connaissance, sur un banc public. Par une parfaite coïncidence, un officier de police –le sergent-détective Nick Bailey- se trouve à proximité et fait procéder à l’évacuation aux urgences des deux personnes. 

L’homme (66 ans) se nomme Sergueï Skripal.  C’est un ancien officier du génie parachutiste qui fut, dans les années 90, attaché militaire à Malte puis Madrid. C’est à ce titre qu’il était administrativement dépendant du service des renseignements militaires (GRU). En 1995, il fut recruté  par Pablo Miller, un agent des services de renseignement britanniques (MI6). De retour en Russie dès 1996, sa trahison fut découverte en 2004. Cette même année, il fut condamné à (seulement) 13 ans de prison, peine abrégée par un échange d’espions en 2010 avec les USA. Il obtient alors l’asile au Royaume Uni, travaillant pour Orbis Business Intelligence, une société de renseignement  privée qui emploie également un autre ancien officier du même MI6, Christopher Steele, créateur du ‘dossier Trump’ (dossier qui justifiait l’accusation de collusion avec la Russie portée contre le futur président, financé par Hillary Clinton pour sa campagne). Sergueï Skripal avait donc depuis huit ans cessé d’être l’espion britannique qu’il était devenu neuf ans auparavant ; c’était un vestige sans intérêt.

La jeune femme est sa fille Yulia, agée de 33 ans, qui venait régulièrement visiter son père. 

Jusqu’aux derniers jours de mars, les médias britanniques, répercutant les déclarations officielles, les disaient dans un état critique comateux. La mise en jeu de leur pronostic vital était bien l’effet minimal attendu d’une contamination par un agent chimique militaire létal redoutablement efficace. Pourtant, le 29 mars, l’équipe médicale annonçait que Yulia, sortie du coma, voyait son état s’améliorer rapidement. On apprenait peu après qu’elle venait d’avoir une conversation téléphonique avec une cousine, Victoria, réalisée à partir d’un numéro de portable inconnu (elle avait été privée de son appareil). Elle y déclarait bientôt sortir de l’hôpital et que son père, contrairement au bulletin médical de la veille qui le disait toujours dans un état critique, allait bien et se rétablissait également. Effectivement, le 10 avril, elle était sortie de cet hôpital (que son père quittera le 19 mai) pour être confinée, selon les déclarations de la Police, dans l’hôpital d’une base militaire. La Police a produit une lettre qui lui était attribuée faisant état d’un besoin de repos, rejetant tout contact avec les médias, l’ambassade russe et même sa cousine (à laquelle le gouvernement britannique avait refusé à deux reprises un visa pour venir la visiter à l’hôpital). Les médias ont rapporté que le gouvernement britannique envisageait de fournir aux Skripal des passeports sous une nouvelle identité avec une installation aux USA, en Australie ou en Nouvelle-Zélande. La maîtrise parfaite de la syntaxe et les tournures employées surprenaient cependant de la part d’une jeune Russe peu à l’aise avec la langue anglaise. La diplomatie russe estime que les Skripal subissent une isolation contre leur volonté dans la mesure où les dirigeants britanniques lui refusent toute communication avec deux de ses citoyens ainsi que tout accès à l’enquête menée en violation des traités bilatéraux et internationaux réglant ce type de situation et d’événement.


Le Novichok


L’officier de police qui était intervenu fut hospitalisé durant quelques jours, ayant été dit « gravement malade » du fait de son contact avec les victimes (il semblerait bien cependant qu'il ne les toucha pas). Mais le médecin des urgences qui a réalisé, sans protection,  les premiers soins durant 30 minutes n’a pas été affecté. La police a également précisé que vingt et une personnes avaient reçu un traitement, mais, en réponse à un article du London Times du 14 mars affirmant que quarante personnes avaient été traitées, le docteur Steven Devies qui dirige le service des urgences de l’hôpital de Salisbury écrivait : « …aucun patient n’a éprouvé de symptômes d’empoisonnement par agent neurotoxique à Salisbury (…) Il n’y a jamais eu que trois patients avec empoisonnement important ».

Les premiers rapports médicaux avancent comme cause probable de l’état des victimes une poudre blanche identifiée comme un opioïde, le Fentanyl. Plus tard, des échantillons de sang  furent confiés  à plusieurs laboratoires, dont celui de Porton Down (situé à 20 mn de Salisbury) qui concluait : « …les résultats [des analyses] ont indiqué une exposition à un agent neurotoxique ou à un composé apparenté. Les échantillons ont été testés positifs pour la présence d’un agent neurotoxique de la classe Novichok ou d’un agent étroitement apparenté ». Cependant, Robin Black, chef du laboratoire de détection britannique d’armes chimiques (de Porton Down, près de Salisbury) reconnaissait en 2016 dans la revue ‘Royal Society of Chemistry’ que « les indices de l’existence éventuelle d’un tel produit sont quasi inexistants et sa composition reste inconnue ». Les Britanniques auraient ainsi réussi l’exploit d’identifier un produit dont la composition leur était inconnue.

Les agents neurotoxiques de la famille dite ‘Novichok’ sont des organophos-phates similaires à nombre d’insecticides commerciaux et un empoisonnement exige un traitement immédiat par antidote spécifique (ce qui implique la connaissance  de la formule chimique du poison et la disponibilité de l’antidote).

La réputation du 'Novichok' (petit nouveau en Russe, un nom attribué à cet agent par les seuls Occidentaux) résulte de déclarations de Vil Mirzaïanov, un Russe qui s’était exilé aux USA en 1992, suite à l’abandon d’une accusation de haute trahison. En 2007, il révèle dans son ouvrage ‘ state secrets’ la formule chimique de cet agent neurotoxique. Aucune autre source n’est venue confirmer cette révélation. Dans un article d’octobre 1992, co-signé avec le chimiste Lev Fyodorov, paru dans ‘Les nouvelles de Mirkon’, il accuse certains hauts militaires russes de se livrer à un trafic du produit.  Vil Mirzaïanov est un militant tatar anti-Poutine qui se présente comme tête du gouvernement en exil d’un Tatarstan qu’il cherche à arracher à la Russie.

Le laboratoire de recherche soviétique sur les armes chimiques était situé à Nurus, en Ouzbékistan. Après l’implosion de l’URSS, ce sont les USA qui ont pris en charge le contrôle et la destruction de ces armes chimiques (les USA ont maintenu leur base militaire dans ce pays jusqu’en 2005).

En 2013, l’OIAC (l’Organisation pour l’Interdiction des Armes Chimiques) publie un rapport rédigé par des scientifiques américains, britanniques, français, russes et allemands selon lequel « il n’y a pas d’information suffisante pour se prononcer sur l’existence et les propriétés du ‘Novitchok’ ».  D’où le fait qu’il ne figure pas sur la liste des armes chimiques contrôlées par l’OIAC. Cet organisme international considérait le Novichok comme un programme de recherche théorique que les Russes n’avaient jamais réussi à synthétiser. Bref, l’agent neurotoxique pour lui n’existait pas.

Selon les détails donnés par Léonid Rink, chef du laboratoire travaillant sur ces armes chimiques, dans un entretien publié par l'agence russe RIA Novosti, 'Novitchok' est une codification des dossiers concernant l'étude ou la recherche d'un nouveau produit ou système militaire, aucunement une molécule ou un projet spécifique.

Le public anglo-Saxon était cependant familiarisé avec le mot russe ‘Novichok’ car les télévisions américaine et britannique avaient peu de temps auparavant diffusé un drame d’espionnage, ‘Strike Back’, qui scénarisait cette arme chimique.

Le gouvernement britannique persiste dans son refus de fournir aux laboratoires russes tout échantillon. Léonid Link avance que chaque produit des différents laboratoires à travers le monde laisse des traces pouvant spécifiques pouvant être reconnues, une analyse permettrait que cette signature désigne le fabricant.

Les accusations puis l’enquête


Les premières désignations de coupables sont émises dès le 6 mars, deux jours après le drame. La Russie est pointée du doigt. Puis, le 12, Boris Johnson, le ministre des Affaires Etrangères britannique, convoque l’ambassadeur russe pour lui signifier un ultimatum : la Russie dispose de vingt quatre heures pour prouver son innocence. Une non réponse aux questions posées serait tenue pour un aveu de culpabilité. Il est  clair que le personnage présente un grave dysfonctionnement neuronal ou se moque cyniquement du monde. De son côté, Thérésa May, premier ministre, déclare à la Chambre des Communes « l’origine russe du poison comme très probable 
               
Le 13 mars, le commissaire Niel Basu qui dirige la police anti-terroriste de Scotland Yard annonce aux médias dans un communiqué que « l’affaire Skripal était d’une complexité telle que l’enquête durerait plusieurs semaines, voire plusieurs mois ». Ce même jour, la découverte par l’armée syrienne de deux laboratoires de fabrication d’armes chimiques dans la Ghouta fraîchement reconquise passe tout aussi inaperçue.

Par contre, le jour suivant, les projecteurs sont dirigés sur une nouvelle déclaration de Thérésa May : « la seule explication possible est que l’état russe est coupable de la tentative d’assassinat de Sergueï Skripal et de sa fille ». Comme mesure punitive, vingt trois diplomates russes sont expulsés et la Grande Bretagne pousse les autres pays occidentaux à faire de même par solidarité. Les USA en expulsent soixante. Vingt sept autres pays procèdent à des expulsions symboliques. La Russie réplique par des expulsions symétriques.

En réponse à l’ultimatum britannique, la Russie demande l’application des protocoles prévus par la Convention sur les armes chimiques (dont la Grande Bretagne est signataire), à savoir le partage de toutes les données d’enquête. Refus des responsables britanniques. Le même sort fut imposé à la demande russe que l’enquête soit confiée à l’OIAC.

Le 19 mars, Boris Johnson déclarait que les scientifiques du laboratoire de Porton Down lui avaient garanti l’origine russe de l’agent neurotoxique mis en œuvre contre les Skripal. Un mensonge révélé le 5 avril quand le responsable de ce laboratoire expliqua qu’ils étaient tout simplement dans l’incapacité de déterminer cette origine.

Trois semaines après l’incident, suite aux hypothèses rapportées par les médias qui affirmèrent successivement que le poison avait été glissé dans la valise de Ioulia, puis introduit dans le système de ventilation de la voiture de Sergeï, la police déclare que la source d’empoisonnement paraissait avoir été la serrure de la porte du domicile de Sergueï Skripal. Elle a, le jour de cette déclaration, fait enlever (bien tardivement) cette porte par mesure de sécurité et colle depuis à cette troisième hypothèse.

Du Novichok à l’agent A-234


Les neurotoxiques de qualité militaire sont conçus pour être d’une extrême efficacité pour tuer les humains. Selon l’exilé russe Mirzaïanov, l’exposition (cutanée)  à ces agents neurotoxiques induit des effets immédiats et dramatiques :  le système nerveux est atteint, les victimes sont incapables de respirer, elles « toussent et une mousse s’échappe de la bouche, [les] effets sur le système digestif déclenchent des vomissements [et] il y a des convulsions (…). Beaucoup (…) perdent le contrôle de leur vessie et de leurs intestins ».

Après avoir quitté la maison vers neuf heures du matin, les Skripal sortent de Salisbury (par la route au nord-est qui mène à Porton Down). Ils y reviennent à 13h30 par la route de Stonehenge (au nord ouest). Cette voie dans Salisbury (Devizes Road) passe près de la maison où ils ont donc pu faire une halte de quelques minutes. On n’a aucune idée de leur trajet durant ces quatre heures car leurs téléphones mobiles étaient éteints. A 13h40, ils se garent dans le parking du Melting Shopping Centre, à 3 mn de la maison. Puis ils se rendent au Mill Pub avant de rejoindre le restaurant ‘Zizzi’ à 14h20. Ils en sortent à 15h35 dans « un état agité» et sont retrouvés inanimés 40 mn plus tard. Il fut rapporté que Yulia Skripal avait de la mousse sur les lèvres, les yeux ouverts mais blancs (retournés) et avait perdu le contrôle fonctionnel de son corps. Ce sont là des symptômes attestant d’un empoisonnement neurotoxique, mais en mode atténué.

L’OIAC, qui avait été sollicitée par Londres pour « vérifier l’analyse du gou-vernement [britannique] » et obtenu des échantillons à faire analyser par plusieurs laboratoires internationaux indépendants, annonçait le 12 avril que ces analyses confirmaient « les découvertes du Royaume-Uni quant à l’identité de l’agent chimique ». Cependant, le lendemain, Sergueï Lavrov, ministre russe des Affaires Etrangères, révélait que le compte-rendu de l’AIOC ne rapportait pas fidèlement les résultats du laboratoire suisse Spiez qui indiquaient la présence d’un agent neurotoxique nommé BZ, utilisé aux USA, en Grande Bretagne et autres pays de l’OTAN, mais pas en Russie. Par ailleurs, le rapport de Spiez disait confirmer la « présence dans sa forme originale et en concentration importante de l’agent neurotoxique A-234». Le directeur général de l’OIAC, Ahmet Uzumcu, avait de son côté précisé qu’entre 50 et 100 grammes d’agent neurotoxique liquide étaient estimés avoir été mis en œuvre le 4 mars, une dose qui, selon le chimiste Léonide Rink, un des créateurs supputés de l’agent A-234, aurait suffit à tuer l’ensemble de la population de Salisbury. Données qui mettaient en suspicion la réalité de cette utilisation ainsi que le caractère non-manipulé des échantillons confiés aux laboratoires.

Le 1er décembre 2015, le Bureau américain des brevets et des marques commerciales demande à la Russie de vérifier la liberté de breveter une substance toxique, le A-234, prétendument inventée par un certain T.Rubin. Le brevet fut accordé à titre d’arme chimique. Auparavant, en 1998, le Edgewood Chemical and biological Center de l’armée US a produit et catalogué des agents de type 'Novichok', données enregistrées au NIST Mass Spectral Librairy et ultérieurement supprimées. Les USA n’ont pas adhéré au traité de non prolifération des armes chimiques et ont largement conservé leur stock et leurs laboratoires de recherche et de fabrication. 

Comme son cousin le A-230 fabriqué dans un laboratoire tchèque, le A-234 appartiendrait à la même famille que le 'Novichok'. En 2016, des scientifiques iraniens ont, en coopération avec l’OIAC, publié sur la synthèse de cinq agents de cette même famille. Le 23 avril, Ahmet Uzumru déclarait que l’agent neurotoxique utilisé contre les Skripal a pu être fabriqué par n’importe quel pays, y compris les USA.                                                                                                                                                                                                                                                                                                               
Epilogue

Trois mois après le drame, les Skripal étaient donc rétablis et sans séquelles discernables. Les médias britanniques auraient reçu l’injonction légale (par ‘D-notice’) de ne plus mentionner cette affaire (injonction elle-même soumise à une obligation de non-divulgation). Coupés de tout contact extérieur aux services de l’état britannique (police, MI5…), les Skripal sont maintenus depuis dans un rigoureux secret que personne ne peut affirmer se faire avec leur consentement.

Le public ne peut se prévaloir d’aucune certitude quant à l’agent toxique auquel ils ont été soumis mais  les deux produits mentionnés (A-234 et Bz) sont bien des fabrications des seuls  laboratoires occidentaux.

Cette survie miraculeuse est incompatible avec l’utilisation d’un agent neurotoxique militaire. Pourrait –t-elle résulter d’une mise en œuvre d’un tel produit en violation des consignes d’utilisation qui le déconseille en environnement humide (car il perdrait alors de sa toxicité) ? Certes, ce matin là, Salisbury était dans la brume et venait de subir de fortes chutes de neige, chargeant peut-être suffisamment l'atmosphère d'humidité pour dénaturer le neurotoxique ? Mais une telle mise en œuvre, ainsi que le dépôt du produit sur la porte palière du domicile, témoignerait alors d’un impardonnable amateurisme ou d’une volonté de minimiser (de manière bien aléatoire) l’empoisonnement.

La question que tout enquêteur doit se poser est évidemment: à qui le crime profite-t-il ?

La Russie avait son élection présidentielle en vue (deux semaines plus tard) et préparait la coupe du monde de football (juin). L’agenda de Vladimir Poutine ne laissait que peu de place à un divertissement, chargé de dossiers plutôt brûlants : Syrie, Iran, Corée du Nord, Ukraine et Donbass, gazoduc Nordstream2, Turkishstream et Bulgarie, Transnistrie, sanctions occidentales, russophobie politico-médiatique en Occident, enquête sur le vol MH17, et quelques autres. Et une ré-élection qui se présentait comme une simple formalité (les sondages lui accordaient 65% des votes). Vladimir Poutine n’avait ni le temps ni le moindre intérêt, et que des effets négatifs, à engager un scénario d’assassinat d’un obscur ancien espion britannique démonétisé. L’hypothèse d’une action russe est simplement absurde.

Côté Occidentaux, l’événement s’insère parfaitement dans un contexte  d’hystérie anti-russe, de guerre médiatique martelant une diabolisation de Poutine, comme avaient été auparavant diabolisés Saddam Hussein, Khadafi et Bachar El Assad à coup d’accusations qui se sont révélées sans fondements quelques années plus tard. Et le trio USA-UK-France poursuivait le même objectif, faire sauter El Assad en tentant par tous les moyens d’interrompre cette aide apportée par la Russie qui permettait à l’armée syrienne d’obtenir victoire sur victoire dans son combat contre les groupes armés islamistes protégés des Occidentaux.

La Grande Bretagne reste campée dans son refus de laisser la Russie avoir accès à l’enquête menée par Scotland Yard, ce au mépris de l’article 9 de la Convention sur l’Interdiction de la mise au point, de la fabrication, du stockage et de l’usage des Arme Chimiques et leur destruction (CIAC), signée par les deux pays. Elle avait de même rejeté la demande de la Russie qui voulait confier l’enquête à une structure indépendante et compétente, à savoir l’OIAC (Organisation pour l’Interdiction des Armes Chimiques), laquelle avait supervisé et confirmé la destruction totale des stocks de l’URSS dès les années 90. Cette mission de l’OIAC fut remplie sous la vigilance de ses membres, dont les USA et la Grande Bretagne, lesquels n’ont jamais émis la moindre contestation de la certification émise à l’achèvement. Elle maintient une interdiction d’accès du corps consulaire russe à ses propres citoyens au mépris de la convention de Vienne de 1963.

Durant toute cette affaire, les médias britanniques ont servilement rapporté les déclarations successives des divers services du gouvernement en laissant de côté tout esprit critique. Il n’y a eu à ce jour aucune enquête journalistique, signe de l’évanescence des contre-pouvoirs.

Récente nouvelle : le gouvernement (fin juin 2018) a déclaré vouloir acquérir les villas de Sergeï Skripal et Nick Bailey pour la généreuse somme de un million de Livres (la plupart des villas de Salisbury se négocient entre 200 000 et 300 000 Livres). La raison avancée (la sécurité) est une plaisanterie car, d’une part, seule celle de Sergueï Skripal est réputée avoir été contaminée, d’autre part, l’agent toxique s’était depuis totalement volatilisé dans l’atmosphère. A ce titre, il aurait fallu d’ailleurs également acheter la pizzeria et le pub où sont restés les Skripal et où aurait fort bien pu se dérouler l’attaque chimique.. Un motif plus plausible serait de récompenser les victimes (et quelque part complices de l’opération) ou de vouloir faire disparaître les derniers vestiges liés à l’affaire.

Le 30 de ce même mois, un couple britannique était retrouvé inanimé à son domicile. Transporté à l’hôpital de Salisbury, il fut pris en charge par l’équipe médicale ayant traité les Skripal. Les tests conduits par le laboratoire de Porton Dawn ont confirmé la similitude des produits utilisés dans les deux cas. Le flacon récupéré par la Police au domicile des victimes était un vaporisateur de parfum Nina Ricci. Dawn Sturgess, la femme qui décéda peu après, avait ainsi utilisé ce flacon sur ses poignets. Elle s’était rapidement sentie mal. Son compagnon, Charlie Rowley, n’avait été atteint que par quelques projections alors qu’il installait l’embout d’aspersion sur le flacon. Il a pu préciser que ce flacon avait été récupéré dans la poubelle d’un organisme caritatif local (à Salisbury). Il avait indiqué que le flacon et son vaporisateur étaient comme neufs dans leur boite d’emballage (la Police affirma qu’il s’agissait d’une contrefaçon). L’organisme caritatif est situé rue Catherine, bien au-delà de la gare que les suspects devaient rejoindre pour retourner à Londres, impliquant un aller-retour spécifique qui ne fait pas sens. 

Nouvel épisode, le 5 septembre, un mandat d'arrêt européen était émis par la police contre deux hommes arrivés à Londres le 2 mars en fin de journée, repartis pour Moscou le dimanche 4 au soir et qui sont allé à Salisbury. Leurs passeports étaient russes, mais, selon le gouvernement britannique, ils auraient probablement voyagé sous une identité d’emprunt. Devant le Parlement, la première ministre Theresa May présentait comme des certitudes acquises l’appartenance des suspects aux services secrets russes (« la police dispose de suffisamment de preuves… ») et en déduisait la responsabilité directe de Vladimir Poutine. Elle envisageait de demander aux états occidentaux une nouvelle salve de sanctions contre la Russie. Cependant, Niel Basu, tête du contre-terrorisme à la Police Métropolitaine, en charge de l’enquête, avait auparavant précisé aux médias ne détenir aucune preuve que les suspects soient des agents russes. Les médias occidentaux seront très discrets sur ce mensonge de T. May.


Les deux hommes vont passer les deux nuits dans un modeste hôtel de l’Est londonien (les quartiers 'populaires') et vont aller à Salisbury le samedi (entre 14h15 et16h30) puis le dimanche (entre 11h48 et 13h50), empruntant les transports publics (métro, train) dont les caméras de surveillance vont enregistrer le passage. 


Lors de leur présence samedi, Sergueï Skripal s’était absenté pour aller prendre sa fille à l’aéroport. Le dimanche, les Skripals sortent de Salisbury à 9h15 pour y revenir à 13h30.

Les suspects ont été retrouvés et ont contacté la chaîne Russia Today (RT) afin de pouvoir exposer leur propre récit. Ils ont expliqué qu ‘ils étaient allés passer un week-end pour "s'éclater", voir Londres, Salisbury et sa magnifique cathédrale, ainsi que les alignements de Stonehenge, qu’ils s’étaient retrouvés coincés à Salisbury suite aux chutes de neige des jours précédents qui avaient interrompu les transports publics. Se présentant comme créateurs de petites entreprises de service dans le domaine de la nutrition, ils nient appartenir aux services de renseignement .

Ultime épisode (?), la presse britannique révèle le 20 janvier l'identité de ces passants qui étaient intervenu auprès des Skripal. Il s'agit, stupéfiant hasard, de Alison McCourt, colonel de l'armée et infirmière en chef, et sa fille Abigail (16 ans). Assistée de sa fille, elle leur aurait prodigué les premiers soins. Les raisons avancées pour expliquer cette tardive révélation sont contradictoires et peu convaincantes. Mais surtout, cette information jette un nouvel éclairage sur le rôle du sergent-détective Nick Bailey : ces deux femmes étant les seules personnes entrées en contact avec les victimes (en les sécurisant dans une position de survie) n'ayant subi aucun empoisonnement 'comme d'ailleurs le médecin hospitalier qui traita ces dernières), quelle est l'origine de celui de l'officier de police Bailey, jusqu'alors réputé avoir été contaminé par son intervention?
                                                                                                                                                                                                                            Evaluation

Au-delà de ces témoignages (qui sont intrinsèquement cohérents et en accord avec les donnée rendues publiques par la Police), l’hypothèse d’une action agressive de la part des services secrets russes se heurte à un ensemble d’anomalies et d’invraisemblances qui la rend insoutenable.

1°- missionner deux hommes au lieu d’un couple est une erreur (souvenons-nous des agents français envoyés en Nouvelle Zélande pour faire sauter le Rainbow Warrior).

2°- faire prendre à cette équipe le même vol de la compagnie nationale (Aeroflot) est une faute

3°- Leur faire prendre un vol direct Moscou-Londres est une autre faute, facilitant leur repérage

4°- descendre dans un hôtel londonien alors que la cible à repérer et traiter est à Salisbury est une aberration. Au-delà des limites imposées à la mission, cela multiplie les occasions de repérage par la surveillance publique.

5°- S’en remettre au service ferroviaire de notoriété peu fiable pour revenir sur Londres le dimanche afin de prendre le vol de retour est une imprudence.

6°- Les modes de déplacement et le type d’hôtellerie choisis dénotent des moyens financiers limités, en accord avec l’aspect, la tenue et les déclarations des suspects.

       7°- Le samedi soir, au lieu de se reposer afin d'assurer une pleine forme pour l'opération du lendemain, ils se droguent et passent la nuit avec une prostituée. Peut-on faire pire dans le non-professionnalisme?

8°- Il est incompréhensible que des traces d’agent neurotoxique aient été retrouvées dans la chambre de l’hôtel : soit le flacon n’était pas étanche, soit les suspects ont ‘joué’ avec, soit il s’agit d’une manipulation des services secrets britanniques. Quelle que soit l’hypothèse retenue, cela ne plaide pas en faveur de celle de deux agents secrets en charge d’une mission d’assassinat.

       9°- Par ailleurs, ces traces dans un échantillon sont en soi problématiques. Elles ne sont pas confirmées par les autres échantillons et surtout cette détection n'a pas pu être reproduite par des tests ultérieurs.

10°- La maison de Sergueï Skripal est située au bout de Wilton Road, une impasse longue de 150 mètres bordée de pavillons ‘à l’anglaise’ (espaces ouverts avec une grande visibilité). Vouloir aller déposer un poison sur la poignée de la porte d’entrée vers midi un dimanche est une excellente idée pour se faire remarquer par les habitants.

 11°- Asperger la poignée de la porte d’entrée est une méthode stupide car elle implique la perte de maîtrise de la mission. Comme membres des services secrets, ils devaient avoir été informés de la présence de Youlia dès le samedi soir. La méthode pouvait faire d’elle l’unique victime.

12°- Le contexte dans lequel intervient cette attaque (élections présidentielles, coupe mondiale, reconquête de la Ghouta par l’armée syrienne…) était on ne peut plus auto-punitif.

13°- Se débarrasser du flacon, curieusement remis avec son asperseur dans la boîte d’emballage, en l’abandonnant dans la poubelle d’un organisme caritatif situé 1,6 km au-delà de la gare est une aberration puisqu’il suffisait, pour faire disparaître définitivement l’arme du crime, de le jeter dans la rivière qui traverse Salisbury  (la Nadder) ou son affluent (l’Avon) et se débarrasser de l’emballage dans une poubelle de la gare.

14°-  Catherine Street, la rue où se trouve cet organisme caritatif, est située à peu de distance (300m) du parc dans lequel furent trouvés les Skripal. Ce qui serait en faveur d’un empoisonnement au Mill Pub, au restaurant ‘Zizzi’, ou encore (plus vraisemblablement) dans le parc, tous endroits situés proches les uns des autres.

15°- La procédure judiciaire qui correspond à la situation aurait dû normalement être l’émission d’un mandat d’arrêt international (Interpol). Mais, évidemment, la loi russe interdisant l’extradition d’un citoyen (comme aux USA), cela impliquerait d’accepter que le procès des suspects se déroule à Moscou. Et que, donc, les Russes aient accès aux pièces de l’accusation, ce que les dirigeants britanniques ont systématiquement refusé, y compris la fourniture des empreintes digitales des suspects. Durant tout le déroulement de cette affaire d’empoisonnement, le gouvernement britannique, après avoir écarté l’idée d’une enquête internationale, a tenu la Russie hors champ afin de conserver l’entière maîtrise de l’enquête et de pouvoir manipuler les responsables politiques occidentaux afin de leur imposer une ligne de conduite russophobe.

Si le Royaume Uni a attendu six mois pour révéler ces éléments de l’enquête et accuser, toujours sans la moindre preuve, le gouvernement russe, c’est sans doute pour briser la velléité du couple franco-allemand de normaliser les relations avec la Russie ainsi que la volonté germanique de finaliser le projet Nordstream2 d’acheminement du gaz russe via la Baltique.

Incidemment, ce sont très exactement les mêmes méthodes qui ont été et sont mises en œuvre dans le dossier du vol MH17.
                                                                                                           
                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                               Une hypothèse

Sur la base des données ainsi rassemblées, il est possible de proposer une hypothèse qui en prenne le maximum en compte, l’image d’une plausible réalité avec un puzzle qui épuise au mieux cette collection. 


Contacté par le MI-5, le sergent –détective Nick Bailey accepte de s’engager dans une opération psy anti-russe (aider l’opposition dans l’élection présidentielle, coupe du monde de football à saboter, vengeance pour la défaite des ‘rebelles’ en Syrie, consolidation de l'accusation selon laquelle la Russie approuverait les attaques chimiques attribuées à l'armée syrienne). Un produit non létal lui est fourni qu’il devra mettre en œuvre pour simuler (très) approximativement une attaque aux neurotoxiques. Non professionnel de ce genre d’action, il se trouve lui-même contaminé. Son intervention auprès des Skripal inconscients est très rapide puisqu’il vient probablement d’accomplir leur empoisonnement. Hospitalisée, Ioulia recouvre toute sa conscience et emprunte un téléphone mobile pour appeler sa cousine. Le scénario est alors perturbé et les déclarations officielles s’adaptent immédiatement en conséquence. Les Skripal sont sommés d’accepter un scénario prévoyant leur disparition avec une nouvelle identité et un dépaysement. Cela leur est présenté comme une mesure de protection contre une nouvelle attaque. Toutes les traces matérielles relatives à l’événement seront détruites et la servilité des médias obtenue si nécessaire en mobilisant la notion de secret-défense. 

                                                     Mai 2018, mise à jour : 24/10/2018 

Vol MH-17 : une enquête en trompe-l’œil Ce texte ne résulte pas d’une enquête ou d’une investigation journalistique. Il représente une...